Vous ne le suiviez peut-être pas au jour le jour mais durant l’été 2020, lorsque vous pensiez que la situation sanitaire était sous contrôle, les rendements du 10 ans US étaient de 0,5%. 4 mois plus tard, lorsque vous essayiez de profiter d’une pause de Noël, les rendements avaient doublé et ils ont atteint un pic en mars (1,70%) avant de baisser fortement (1,2% à mi-juillet 2021). (Très) Rares ont été les occasions dans le passé où la hausse des rendements a été si forte en si peu de temps en raison du retour des anticipations d’inflation liées à la reprise économique. Est-ce que cela signifie que les secteurs bancaires et assurantiels voient enfin la lumière au bout du tunnel de valorisation ? Probablement oui, mais…
Les mécanismes de transmission entre les rendements et les indicateurs de création de valeur des banques / assureurs sont quelque peu différents, que l’on soit une banque de détail, une BFI, une banque universelle, un assureur vie ou un assureur non-vie. Pour faire simple, voici les grandes conséquences (majoritairement positives) d’une pentification de la courbe des taux pour les banques et les assureurs :
Pour les banques:
Pour les assureurs:
Il y a cependant plusieurs éléments qui peuvent limiter l’impact positif d’une hausse graduelle des taux. Premièrement, certaines banques sont en train de passer à un modèle où la part des fees est plus élevée et où donc, la part des marges nettes d’intérêt est plus faible (e.g. 50% en Italie contre 60% en Allemagne). Deuxièmement, l’impact dépendra de la maturité des prêts, et il existe des différences importantes en Europe (65% des prêts aux entreprises ont une maturité supérieure à 5 ans en France contre 45% en Italie). Troisièmement, en ce qui concerne l’assurance, des études ont montré que, plutôt que le niveau absolu des taux, c’est la volatilité qui est un facteur clé dont les compagnies d’assurance-vie devraient profiter à court terme principalement.
Alors que la hausse des taux, si elle se prolonge, aura principalement des effets positifs sur les indicateurs de création de valeur des banques et des assureurs, les défis structurels des banques et des assureurs ne seront pas résolus pour autant : I) Les taux restent toujours bas en absolu en perspective historique, II) la concurrence des nouveaux acteurs numériques met toujours plus en danger la fidélité des clients, III) Le fardeau réglementaire est là pour rester en plus d’être onéreux à honorer, IV) La gestion des risques reste essentielle et coûteuse lorsqu’elle est imparfaite. Par conséquent, nous pensons que malgré la hausse potentielle des taux d’intérêt, les structures dirigeantes des banques et assureurs doivent continuer de se focaliser sur ces 3 points :