Les objets connectés occupent aujourd'hui une place importante dans nos vies privées, de nos téléphones aux applicatifs de nos cuisines et salons. L'objectif de l'atelier « Les objets connectés dans l'entreprise » a été de déterminer dans quelle mesure ces objets connectés peuvent trouver une place dans nos vies professionnelles.
L'atelier s'est particulièrement concentré sur les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour permettre aux objets connectés de s'insérer avec harmonie au cœur des dispositifs de l'entreprise, sans mettre à mal la vie privée de leurs utilisateurs ; en d'autres termes, réconcilier les bénéfices employeurs et employés.
Communément, on parle de 3 usages d'objets connectés, que l'on retrouve dans le monde de l'entreprise :
1 Un usage « passif » : l'objet collecte de l'information mais ne l'analyse pas (ex : le stylo connecté).
2 Un usage « actif » : l'objet s'adapte à l'utilisateur en convertissant les données reçues en recommandations à l'égard de l'utilisateur (ex : montre connectée et tous les objets connectés qui permettent de cumuler des données sur le rythme cardiaque, le niveau de stress, la qualité de la nourriture…).
3 Un usage « tiers » : une tierce partie, par exemple l'employeur, récupère et consulte les données émises par l'objet connecté et les traduit en actions à conduire (ex : les boitiers connectés qui permettent aux entreprises de piloter leurs flottes de véhicules).
En se fondant sur les systèmes permettant d'utiliser les données de l'utilisateur pour les traduire en adaptations concrètes, l'atelier a montré, au travers d'exemples, que les objets connectés s'établissent en premier lieu dans le domaine de la santé. Dans nos vies privées, ils nous permettent de suivre nos données personnelles (rythme cardiaque, niveau de stress, etc.) comme l'Apple Watch, permettant de mesurer le stress de celui qui la porte.
Les objets connectés peuvent faciliter la gestion du stress et du bien-être au travail
• La chaise connectée enverra des informations au salarié pour qu'il ajuste sa position sur sa chaise de bureau et évite ainsi des douleurs au dos.
• Le casque connecté (en cours de conception par MyBrain) analysera l'activité cérébrale du collaborateur et la traduira « en voyage musical sur mesure » permettant d'entrainer les processus mentaux à la relaxation.
Ces objets peuvent servir aux collaborateurs à identifier leurs zones de tension, à objectiver et à travailler leur état de stress. Ils peuvent ainsi servir d'outils de prévention des risques psycho- sociaux et de stress au travail.
Les objets connectés peuvent aussi servir à optimiser l'espace de travail
• MySeat propose des boîtiers connectés fixés sous les chaises de bureau, dotés de capteurs détectant les micromouvements. Communiquant entre eux, ils permettent de gérer à distance l'occupation des locaux : places libres en salle de réunion ou postes de travail vacants, etc. qui peuvent faire économiser entre 10% et 30% de l'espace disponible d'un bureau.
• Grâce aux objets connectés, les postes de bureaux peuvent aussi bénéficier de services personnalisés au collaborateur (mémorisation des préférences d'éclairage...).
Ces objets connectés peuvent ainsi contribuer pleinement à l'amélioration du bien-être au travail du collaborateur, en permettant à celui-ci d'être à l'écoute de ses besoins et d'améliorer son rapport à l'espace de travail.
En étant source de bien-être, ces objets peuvent contribuer à la performance des collaborateurs, un collaborateur plus heureux étant un collaborateur plus productif ! En leur permettant de réduire les zones de tension (salles de réunions indisponibles, perte de temps, stress…), les collaborateurs peuvent gagner en temps et en efficacité.
Si ces objets peuvent, dans de nombreux cas, être nos alliés, ils soulèvent également des questions :
• Dans quelle mesure est-ce le rôle de l'entreprise de prodiguer des conseils (via les objets connectés) sur la manière dont chaque collaborateur devrait gérer sa santé ? Quel est le périmètre d'intervention légitime de l'employeur (entre la vie personnelle et la vie professionnelle) ?
• Dans quelle mesure les objets connectés sont-ils générateurs de digital stress ?
• Comment gérer le paradoxe managérial sachant que l'échéance fixée par les managers n'évolue pas tandis que les objets connectés recommandent, eux, de faire une pause.
Autant de questions développées dans l'atelier et pour lesquelles les entreprises présentes ont tenté d'apporter des réponses concrètes.
Si les données collectées pourraient permettre de piloter la performance des employés et sont utiles pour mesurer la qualité de vie au travail ou les risques psycho-sociaux pour nos collaborateurs, les objets connectés pourraient s'avérer intrusifs s'ils étaient manipulés à des fins personnelles en se heurtant aux limites de la confidentialité prévues par la CNIL. Des salariés craignent par exemple que les objets connectés, grâce à la géolocalisation, puissent être utilisés comme des outils de « tracking ». Cela favoriserait le présentéisme des salariés et un sentiment de « flicage », source de démotivation des salariés et de dégradation de la performance et du bien-être au travail. Quelques études se sont penchées sur les effets de « digital stress » provoqués par les objets connectés ; à croire que la surveillance permanente de nos données corporelles aurait un effet contre-indicatif sur notre stress : plutôt que de l'alléger, il l'augmenterait de manière mécanique.
[…] Les capteurs des objets connectés sont désormais en mesure d'épier chaque frémissement de nos corps, et l'on parle de « quantified self » pour désigner cette tendance à l'auto-surveillance. De nombreuses start-up, qui ont senti le vent tourner, s'emparent de ce marché florissant et mettent en avant la capacité de ces objets à améliorer notre bien-être physique et mental.
Je me surveille, donc je stresse
Ce n'est pas tout à fait le constat que font les chercheurs de l'université de technologie d'Eindhoven, aux Pays-Bas. Ils se sont demandé dans une étude récente si cette obsession de la surveillance du corps ne pouvait pas, au contraire, avoir un effet anxiogène. 36 femmes et 38 hommes âgés de 18 à 67 ans se sont livrés à une série de tests destinés à évaluer leur niveau de stress. Pendant ce temps, certains d'entre eux pouvaient consulter leur propre rythme cardiaque grâce à un monitoring, alors que les autres n'avaient accès à aucune donnée. Lorsqu'on leur a demandé d'estimer leur niveau de stress pendant le test (en choisissant de se décrire comme « stressé », « calme », « relaxé », ou « tendu »), les volontaires ayant accès à leur fréquence cardiaque ont eu tendance à se dire plus stressés que les autres. à trop s'écouter, on finirait par exacerber l'état de stress et surinterpréter les petites douleurs ? C'est le paradigme de Doctissimo et autres forums médicaux : l'internaute qui souffre de légers maux de ventre consulte une page pour se rassurer, et ferme son ordinateur persuadé d'avoir un ulcère doublé d'un cancer du côlon. […]
Source : http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/04/quantified-self-quand-les-objets-c...
Les objets connectés, en plus de bousculer nos habitudes et nos rythmes de vie, apportent avec eux des questions de sécurité majeures. Car traiter du connecté dans le monde du travail revient à questionner la détention des données générées par un objet connecté dans le cadre de l'entreprise. A qui appartiennent les données produites par un individu dans le cadre de son travail ? A son entreprise, parce qu'elles ont été produites en heures de travail ouvrées, au sein des locaux de l'employeur ? Ou à l'individu qui a été à la source de la production de données ? De la même manière, comment démêler les fils imbriquant les données personnelles des données professionnelles dans l'entreprise ? En France, l'ensemble des lois de la CNIL nous protègent de l'exploitation abusive de nos données personnelles (voir ci-dessous).
Article 1er – L'informatique doit être au service de chaque citoyen. […] elle ne doit porter atteinte ni à l'identité humaine, ni aux droits de l'homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques.
Article 2nd – […] Constitue une donnée à caractère personnel toute information relative à une personne identifiée ou qui peut être identifiée […] Constitue un élément à caractère toute opération ou tout ensemble d'opérations portant sur de telles données, quel que soit le procédé utilisé, et notamment la collecte, l'enregistrement, l'organisation, la conservation, l'adaptation, la modification, l'extraction, la consultation, l'utilisation, la communication par transmission, la diffusion ou toute autre forme de mise à disposition, le rapprochement ou l'interconnexion, ainsi que le verrouillage, l'effacement ou la destruction. […].
Les réglementations prévues par la CNIL pourraient donc rendre compliquée l'utilisation des objets connectés dans l'entreprise.
Conscients que les objets connectés se diffusent dans l'entreprise, souvent parce qu'ils sont apportés par les salariés eux-mêmes, les participants à l'atelier ont rapidement adopté une approche pragmatique visant à définir les conditions de réussite associées à la diffusion des objets connectés dans l'entreprise.
Ils se sont accordés sur le fait que l'entreprise devait créer un environnement de travail où les objets connectés auraient une utilité au bénéfice de chacun et du collectif, et non une fonction de contrôle de la part de l'employeur sur ses salariés. Ce « contrat social », permettant de créer une relation de confiance entre employeur et employés autour de l'utilisation des objets connectés dans l'entreprise, constitue la condition de réussite principale à leur diffusion.
Pour réconcilier les bénéfices employeurs et employés, d'autres leviers doivent être activés et articulés les uns aux autres dans une approche cohérente et globale :
• Définir une gouvernance sur l'utilisation des objets connectés en entreprise et la gestion de leurs données.
• Agir en toute transparence en partageant les règles d'utilisation des objets connectés et de leurs données et proposer les mêmes règles pour les managers et les collaborateurs.
• Etudier le besoin des collaborateurs sur le terrain pour faciliter l'appropriation des objets au quotidien.
• Utiliser les objets connectés comme un outil de management parmi d'autres, qui ne se substitue pas à la relation humaine, en « dosant » son utilisation.
*Le casque connecté Melomind (lancement le 26 avril sur la plateforme participative Kickstarter) analyse l'activité cérébrale du collaborateur et la traduit « en voyage musical sur mesure » en temps réel permettant d'entrainer les processus mentaux menant à la relaxation.
A propos de Stanwell Insight
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